VEF Blog

La fin du monde est proche ! Très proche !

Alors que l’atmosphère était déjà un peu lourde à table, avec ma tante qui insistait pour que je mange plus et mon tonton qui lançait des blagues maladroites, tout bascula.

Quand il me demanda si j’avais un chagrin d’amour, ce souvenir jaillit : sa phrase d’antan sur la fin du monde, un chagrin et tout le tralala. C’était trop. J’étouffais. Alors, prétextant une visite urgente aux toilettes, je quittai la table.

Dans le bureau de mon tonton, un grand carton traînait, parfait pour une pancarte. Un feutre à portée de main, et voilà l’idée : écrire “La fin du monde est proche ! Très proche !” Je me sentais inspirée. Ensuite, je dégottai une couverture, m'enveloppai dedans, enfilai mon anorak, mes gants et mon bonnet, et sortis bravement affronter l’hiver glacial.

Sur le banc près de la rue principale, je brandissais ma pancarte avec conviction, prenant un air grave pour bien vendre mon rôle. Les passants me regardaient, moitié perplexes, moitié amusés.

– Eh bien, voilà une nouvelle façon de passer l’hiver ! lança un monsieur avec son chien en rigolant.
– Tenez, madame, un café chaud. Ça aide pour attendre la fin du monde, me dit une femme en me tendant un gobelet.

Un adolescent passa en trottinette et me filma en ricanant :
– Trop stylé ! Je vais mettre ça sur TikTok.

Quelques minutes plus tard, mon tonton sortit de la maison, hilare. Il me vit emmitouflée, la pancarte bien visible.
– T’es sérieuse ? C’est quoi ce sketch ? Tu t’es pris pour une prophétesse de l’hiver ou quoi ?!

Sa moquerie était sans limite. Il se pliait en deux en essayant de me convaincre de rentrer.
– Allez, viens, avant que ta tante débarque et te colle un savon.

Trop tard. Ma tante surgit, rouge de colère malgré le froid mordant.
– Mais qu’est-ce que tu fais, toi ?! Repose-moi cette pancarte, c’est pas carnaval ici !

Elle m’attrapa par le bras et me ramena à l’intérieur sous les regards curieux des voisins. Mon tonton, lui, rigolait toujours, répétant :
– La fin du monde est proche, qu’elle disait ! Ah, ça, c’est la meilleure !

Et moi, penaude, je finis par éclater de rire aussi, même si ma tante continuait à bougonner en remettant le carton à sa place.