La Prophétie de Nancy et Paco Rabanne

Sur un trottoir enneigé d'une ville grise et gelée, Nancy, drapée dans un manteau trop large, brandit sa canne en croix, le regard embrasé par une conviction aussi sérieuse que comique. À ses côtés, Paco Rabanne, fidèle acolyte, trépigne d’impatience, prêt à soutenir la prophétie.

NANCY (d’une voix grave, canne levée) :
"Citoyens, écoutez-moi bien ! La fin du monde est proche ! Très proche ! Je tiens dans mes mains… LA CROIX DE JÉSUS !"

Les passants s’arrêtent, partagés entre curiosité et panique. Une dame en manteau léopard murmure à son chien : "Oh mon Dieu, Paco Rabanne avait raison, finalement !"

Paco Rabanne, flairant l’opportunité, joue le rôle du prêtre assistant.

PACO RABANNE (grandiloquent) :
"Repentez-vous, âmes perdues ! L’apocalypse arrive, et seuls ceux qui donneront à Nancy leur chocolat et leur café seront sauvés !"*

Nancy marche lentement, traînant sa canne sur le sol comme une relique sacrée, tandis que Paco improvise une bénédiction sur les passants.

NANCY (solennelle, tendant la main) :
"Donnez-moi vos offrandes et je prierai pour votre salut. Un expresso ou un KitKat pourrait suffire à effacer vos péchés."

Un jeune homme nerveux tend une tablette de chocolat noir.

NANCY (grave) :
"Tu viens de t’assurer une place au paradis. Merci, mon fils."

Paco Rabanne éclate de rire mais se ressaisit vite, levant les bras comme pour appeler la foudre divine.

PACO RABANNE :
"Les signes sont là ! La neige qui tombe, les pigeons qui marchent… Tout est écrit dans les étoiles ! Préparez-vous !"

Un policier arrive, fronçant les sourcils en voyant Nancy lever sa canne comme Moïse devant la mer Rouge.

POLICIER :
"Tout va bien ici ?"

NANCY (très sérieuse, désignant Paco) :
"Lui, c’est Paco Rabanne. Il avait raison, et moi, je suis ici pour guider ces pauvres âmes égarées. Monsieur l’agent, vous devriez rentrer chez vous avant que l’apocalypse n’éclate."

Paco Rabanne ajoute en chuchotant :
PACO RABANNE :
"On peut vous prédire votre avenir pour un café et un croissant, si vous voulez."

Le policier hésite, puis décide qu’il a mieux à faire. Nancy et Paco éclatent de rire dès qu’il tourne le dos.

NANCY (se tournant vers Paco) :
"Allez, prophète, on va se faire un chocolat chaud. La fin du monde attendra demain."

Et les deux amis disparaissent dans un café, laissant derrière eux une légende urbaine sur Nancy la Prophétesse et Paco Rabanne, le visionnaire des rues.

La fin du monde est proche ! Très proche !

Alors que l’atmosphère était déjà un peu lourde à table, avec ma tante qui insistait pour que je mange plus et mon tonton qui lançait des blagues maladroites, tout bascula.

Quand il me demanda si j’avais un chagrin d’amour, ce souvenir jaillit : sa phrase d’antan sur la fin du monde, un chagrin et tout le tralala. C’était trop. J’étouffais. Alors, prétextant une visite urgente aux toilettes, je quittai la table.

Dans le bureau de mon tonton, un grand carton traînait, parfait pour une pancarte. Un feutre à portée de main, et voilà l’idée : écrire “La fin du monde est proche ! Très proche !” Je me sentais inspirée. Ensuite, je dégottai une couverture, m'enveloppai dedans, enfilai mon anorak, mes gants et mon bonnet, et sortis bravement affronter l’hiver glacial.

Sur le banc près de la rue principale, je brandissais ma pancarte avec conviction, prenant un air grave pour bien vendre mon rôle. Les passants me regardaient, moitié perplexes, moitié amusés.

– Eh bien, voilà une nouvelle façon de passer l’hiver ! lança un monsieur avec son chien en rigolant.
– Tenez, madame, un café chaud. Ça aide pour attendre la fin du monde, me dit une femme en me tendant un gobelet.

Un adolescent passa en trottinette et me filma en ricanant :
– Trop stylé ! Je vais mettre ça sur TikTok.

Quelques minutes plus tard, mon tonton sortit de la maison, hilare. Il me vit emmitouflée, la pancarte bien visible.
– T’es sérieuse ? C’est quoi ce sketch ? Tu t’es pris pour une prophétesse de l’hiver ou quoi ?!

Sa moquerie était sans limite. Il se pliait en deux en essayant de me convaincre de rentrer.
– Allez, viens, avant que ta tante débarque et te colle un savon.

Trop tard. Ma tante surgit, rouge de colère malgré le froid mordant.
– Mais qu’est-ce que tu fais, toi ?! Repose-moi cette pancarte, c’est pas carnaval ici !

Elle m’attrapa par le bras et me ramena à l’intérieur sous les regards curieux des voisins. Mon tonton, lui, rigolait toujours, répétant :
– La fin du monde est proche, qu’elle disait ! Ah, ça, c’est la meilleure !

Et moi, penaude, je finis par éclater de rire aussi, même si ma tante continuait à bougonner en remettant le carton à sa place.